L’ennéagramme s’est transmis selon une tradition orale jusqu’au 20ème siècle. Il est donc difficile d’en retrouver les origines exactes.
On trouve la première représentation graphique ressemblant à celle de l’ennéagramme dans la Fraternité Sarmoun en Mésopotamie vers 2500 avant notre ère, mais sans que l’on sache s’il était utilisé de la même façon.
Le diagramme refait son apparition chez Pythagore (6ème siècle avant J-C) sous la forme de son neuvième sceau, dont les 9 points correspondraient aux 9 énergies universelles incarnées par les Muses. Ce sceau symbolise la dernière étape de réalisation de l’Homme (le chiffre 10 est accessible à Dieu seul), son accomplissement ultime vers la plénitude.
Au 4ème siècle après J-C, les Pères du désert (chrétiens égyptiens) se retirent dans le désert pour travailler sur les passions pour trouver l’apaisement. Ils utilisent un symbole proche de l’ennéagramme et parlent dans leurs écrits de 9 chemins d’égarement dont sont issus les 7 péchés capitaux.
Deux siècles plus tard, c’est dans les mêmes contrées que naît le soufisme( suf signifie robe de laine en arabe), courant mystique de l’Islam connu pour les derviches tourneurs ou la calligraphie. On y trouve un diagramme très proche de l’ennéagramme et également un travail d’observation de soi et de ses « égarements ».
Nous n’entrerons pas dans le détail de la Divine Comédie de Dante où on retrouve pourtant les neuf passions de l’ennéagramme qui correspondent aux 9 cercles de l’enfer dans lesquels on risque de s’égarer si on ne parvient pas à gravir les 9 marches du paradis en cultivant ses qualités et en luttant contre ses passions.
Georges Ivanovitch Gurdjieff (1877-1949) voyage en Asie Mineure d’où il ramène l’ennéagramme qui proviendrait d’une confrérie soufi. Il crée l’Institut pour le développement harmonique de l’homme près de Fontainebleau à partir de 1922. Il dit ceci de l’ennéagramme : « Une grande majorité d’êtres humains vivent une vie mécanique d’endormis, alors qu’ils sont appelés à l’épanouissement et à la réalisation de soi », « Pour l’homme qui sait l’utiliser, l’Ennéagramme rend livres et bibliothèques entièrement inutiles… Un homme isolé dans le désert tracerait-il l’ennéagramme sur le sable, il y pourrait lire les lois éternelles de l‘univers. Et il apprendrait chaque fois quelque chose de nouveau, quelque chose dont il ignorait tout jusqu’alors. »
Mais c’est véritablement à la fin des années ’60 qu’il apparaît sous la forme que nous lui connaissons. Oscar Ichazo (1931-), professeur de psychologie bolivien, voyage au Moyen Orient où il se forme au soufisme aux mêmes sources que Gurdjieff. Il a trouvé la correspondance entre les 9 passions et l’ennéagramme. Il organise en 1970 un stage de 11 mois à Arica (Chili) sur des techniques d’évolution spirituelle.
L’un de ses élèves est Claudio Naranjo (1932-), médecin et psychiatre chilien, qui va contribuer au rayonnement de l’ennéagramme en réalisant la synthèse entre les passions d’Ichazo, les travaux de Gurdjieff et les pathologies freudiennes. Il est le premier à enseigner l’ennéagramme en Occident.
L’ennéagramme va connaître à partir de ce moment un rayonnement important par les Jésuites américains dans la foulée de Bob Ochs qui faisait partie du groupe d’Arica. Ce sont 3 de ses élèves qui vont rompre avec la tradition orale et publier le premier livre sur l’ennéagramme en 1984.
Helen Palmer, docteur en psychologie, développe les recherches de Naranjo, notamment la technique des panels, et s’associe à David Daniels pour former des formateurs, dont le français Eric Salmon, qui a lui-même formé les spécialistes belges Philippe Halin et Jacques Prémont.
Depuis la fin des années ’90, un nombre de plus en plus grand de livres sont publiés sur le sujet tandis que les formations grand public et les applications dans le monde de l’entreprise se multiplient.